La prostatite: causes, symptômes, diagnostic et traitements

20 mai 2014 à 13:39

Voici un guide complet sur la prostatite (inflammation de la prostate), une maladie des hommes. Vous allez apprendre tout sur les causes, symptômes, diagnostic et traitement de cette maladie.

La prostatite, c’est quoi?

La prostate est une glande présente uniquement chez l’homme, située au-dessous de la vessie. Cette glande fait partie intégrante du système reproducteur masculin, et produit un liquide, le liquide séminal, qui aide à nourrir et transporter les spermatozoïdes. Elle contribue aussi à l’éjaculation en se contractant au cours de l’orgasme.

Cette glande connaît deux phases de croissance: la première lors de la puberté, où elle double en taille, la seconde passé l’âge de 60 ans, où elle s’hypertrophie naturellement, exerçant une pression supplémentaire sur l’urètre.

La prostatite est une inflammation ou infection de cette même prostate, qui peut être chronique ou aigue. Cette infection touche près d’un homme sur dix, et le risque de contracter une prostatite augmente avec l’âge.

Cette pathologie est la cause de plus de deux millions de consultations médicales par an, et représente 8% des consultations chez les urologues, et 1% des consultations chez les médecins généralistes. Il y a plusieurs types de prostatite, avec différentes causes et symptômes, que nous avons listés ci-dessous.

Les causes

Comme nous l’avons précisé précédemment, il y a différents types de prostatite et donc, différentes causes qui peuvent engendrer cette infection. Cependant, les causes citées ici ne sont que des théories communément admises par les médecins, les véritables causes n’étant pas encore totalement connues.

Ci-dessous les différents types de prostatite et leurs causes.

Prostatites causées par des bactéries

La prostatite bactérienne aigue est causée par une infection bactérienne soudaine de la prostate, et elle est la plus facilement diagnostiquée du fait de ses symptômes caractéristiques. Elle peut affecter des hommes de tous âges. La responsable de cette infection est bien souvent (80% des cas) la bactérie Escherichia coli qui est présente de façon naturelle dans le tube digestif de l’être humain et de certains animaux. Elle est en temps normal non pathogène, c’est-à-dire non responsable d’infection, mais peut le devenir dans certains casLa Klebsiella, Pseudomonas ou l’Enterococcus faecalis peuvent aussi être coupables de cette infection. On retrouvera alors des germes et des stigmates de l’inflammation prostatique dans les sécrétions de la prostate.

De même, la prostatite bactérienne chronique touche des hommes de tous âges, avec une plus forte probabilité de toucher des hommes entre vingt et cinquante ans. C’est aussi une prostatite causée par une bactérie, mais ses symptômes se font sentir plus lentement, et sont moins sévères que dans le cas d’une prostatite bactérienne aigue. Elle est aussi souvent due à la prolifération d’Escherichia coli, et parfois aussi de Mycobacterium tuberculosis. Dans ce cas, on ne retrouvera pas de germes mais seulement des stigmates de l’inflammation de la prostate dans les sécrétions prostatiques. Cette infection résulte très souvent d’une prostatite non ou mal traitée, entraînant une réintroduction du germe dans la vessie, à partir des glandes prostatiques infectées.

Prostatites causées par des virus

Bien souvent, lorsque le patient souffre d’une maladie nommée « Prostatite non bactérienne », chronique ou non, les causes ne sont jamais déterminées avec exactitude par le médecin, mais plusieurs pistes sont alors envisagées, et parmi elles la possibilité d’avoir été infecté par un virus. Dans ce cas, de simples mesures d’hygiène et un changement de régime alimentaire peuvent se révéler très efficaces, ces mesures sont listées dans la partie « Traitement ».

Prostatites causées par « l’environnement » du patient

En effet, on l’ignore souvent, mais une prostatite peut tout à fait résulter d’une contamination sexuelle – maladie sexuellement transmissible - suite à rapport consenti ou non, et notamment suite à des rapports anaux. Certaines professions peuvent aussi influer sur le risque de développer une infection de la prostate, telles que la conduite d’un camion, l’utilisation de machines lourdes, le fait de soulever fréquemment des objets lourds, une activité physique excessive (notamment le cyclisme), ou des spasmes répétés des muscles pelviens.

Un dysfonctionnement urinaire peut aussi favoriser le développement d'une inflammation/infection de la prostate, car un volume d’urine quotidien trop faible favorise la remontée des bactéries le long de l’urètre vers la vessie et la prostate. De plus, à partir de 60 ans environ, l’augmentation du volume de la prostate peut gêner ou freiner l’évacuation de l’urine, favorisant la prolifération des bactéries. Les causes de cette maladie étant encore quelques peu mystérieuses, aucun facteur déclenchant n’est retrouvé dans la majorité des cas.

Prostatites asymptomatiques

Cette forme de prostatite est la plus dangereuse, étant donné qu’elle est, comme son nom l’indique, asymptomatique et donc, très difficilement détectable. En effet, aucun symptôme n’indique une quelconque infection ou inflammation de la prostate, empêchant souvent de la traiter à temps et provoquant ainsi des complications. Il n’y a aucune douleur ni inconfort, mais il y a présence de globules blancs, ou leucocytes, dans le liquide prostatique (recueilli et examiné suite à un toucher rectal). Cette pathologie est détectée lors d’examens pour d’autres maladies, telles que la stérilité ou de cancer de la prostate.

Prostatites nosocomiales

Une prostatite est dite nosocomiale si elle est contractée suite à une infection urinaire, elle-même développée suite au séjour dans un milieu hospitalier. Elle n’est pas fréquente mais, du fait des nombreuses bactéries/germes présents dans de tels milieux, elle est tout à fait envisageable, et il vaudrait donc mieux prendre des précautions lors d’une hospitalisation. Les risques de contracter une prostatite sont d’autant plus grands si le patient a subi la pose d’un cathéter urinaire ou une cystoscopie.

Les symptômes

Le début de l’infection est souvent brutal, avec une fièvre élevée, des frissons, des troubles urinaires,…

Les différents symptômes de cette pathologie sont cités ci-dessous.

L’homme souffrant d’une infection de la prostate se voit généralement affecté d’une fièvre supérieure à 38,5°C, de frissons et est souvent accablé d’une grande fatigue.

Les symptômes d’une prostatite aigue font parfois penser aux symptômes d’une grippe, puisque le malade souffre parfois de douleurs musculaires et/ou articulaires.

Les symptômes d’une prostatite chronique, quant à eux, sont bien souvent des douleurs périnéales chroniques, dans la région anale ou non. Il aura aussi fréquemment des difficultés à uriner (dysurie), éprouvera une sensation de brûlure en urinant, et aura tendance à uriner très souvent (pollakiurie: fréquence excessive des mictions, et envie d’uriner même dans le cas d’une vessie vide).

Un écoulement purulent est aussi possible, avec des urines troubles et malodorantes.

Une perte de la libido est envisageable, ainsi qu’un possible dysfonctionnement sexuel et/ou une présence de sang dans le sperme.

Le malade peut aussi ressentir une sensation de corps étranger dans l’anus, ce dernier symptôme se manifestant plutôt rarement.

Bien que la prostatite puisse se développer à tout âge et chez tout homme, il y a certains facteurs qui augmentent les risques d’en contracter une telles que:

  • Une infection récente (de la vessie, des voies urinaires, ou de toute autre partie du corps)
  • Traumatisme ou blessure dans la zone périnéale (entre le scrotum et l’anus)
  • Prostate hypertrophiée
  • Rapports sexuels anaux
  • Malformation/anomalie des voies urinaires

Le diagnostic

La détection de cette maladie reste difficile, et une guérison totale est peu probable. Dans le cas d’une prostatite aigue, on préfèrera prélever un échantillon d’urine (ECBU) afin de déterminer la bactérie responsable de l’infection, et la traiter au mieux. Cependant, dans tous les autres cas, un toucher rectal permettra de diagnostiquer la prostatite.

C’est en effet une excellente méthode de diagnostic puisque le gonflement de la prostate peut se faire sentir directement sous le doigt.

Le toucher rectal est très douloureux dans la plupart des cas, car cette dernière est tendue et congestionnée. Certains ne ressentiront néanmoins aucune douleur lors de la palpation prostatique.

Le corps médical peut aussi procéder à un massage prostatique, afin de recueillir un fluide prostatique pour examen. Cette pratique est généralement faite durant le toucher rectal, et implique que le médecin masse la glande, pour ensuite examiner le liquide produit.

On pourra aussi prélever et étudier un échantillon de sperme. Mais, dans le cas d’une prostatite chronique, l’examen du sperme et de l’urine n’est pas d’une grande utilité.

L’on peut aussi faire appel à une cystoscopie, procédure lors de laquelle un tube flexible muni d’une caméra est introduit dans l’urètre (à l’intérieur du pénis), pour examen de la vessie et des voies urinaires. C’est un examen médical permettant d’étudier la paroi interne de la vessie, réalisé en passant par les voies naturelles. Elle est indiquée pour toutes les pathologies touchant de près ou de loin les voies urinaires et/ou génitales chez l’homme. Dans notre cas, elle est indiquée pour détecter une éventuelle anomalie ou rétention urinaire, qui entraînerait une infection de la prostate.

Une échographie des voies urinaires peut aussi être pratiquée dans certains cas. Le médecin pourra aussi procéder à une mesure du débit urinaire (débitmétrie mictionnelle) additionnée à une évaluation du résidu post-mictionnelle (évaluation par échographie de la quantité d’urine restant dans la vessie après une miction) pourra être réalisée pour détecter une éventuelle obstruction des voies urinaires.

Le traitement

Le traitement proposé par le médecin dépendra du patient, et notamment de:

  • Son âge
  • Son état de santé général
  • Ses antécédents médicaux
  • L’ampleur de la maladie
  • Ses allergies et tolérances à certains médicaments et thérapies
  • Son opinion (les préférences du patient pour tel ou tel médicament/procédure/thérapie)

Dans le cas d’une prostatite aigue, le traitement préconisé sera généralement pris durant plusieurs jours, jusqu’à deux voire trois semaines. Plusieurs médicaments sont délivrés au patient, et ce dernier doit absolument prendre tous ses médicaments, même en l’absence de symptômes, afin d’éviter le développement de bactéries résistant au traitement.

Les antibiotiques prescrits font en général partie des fluoroquinolones et des céphalosorines de troisième génération.

Le repos est aussi extrêmement important dans ce traitement, puisque le patient doit mobiliser toutes ses forces pour lutter contre cette infection. Des analgésiques (médicaments antidouleur) peuvent aussi être prescrits à la demande du patient. Une hospitalisation peut être envisagée dans les cas les plus sévères.

Pour les cas de prostatite chronique, la durée du traitement varie entre quatre et douze semaines.

Comme son nom l’indique, une récidive est toujours possible, et le traitement de cette pathologie est particulièrement ardu.

Parfois, certaines règles alimentaires sont mises en place, comme la consigne de boire beaucoup (eau ou boissons non alcoolisées), ainsi que d’éviter les facteurs irritants comme les épices, les alcools, …).

Une opération chirurgicale peut être envisageable dans les cas les plus sévères. Les rapports sexuels doivent être évités ou protégés durant toute la durée du traitement.

Certaines pratiques peuvent aussi être préconisées pour un meilleur confort de vie du patient comme la prise de bains chauds, le recours à l’acupuncture, ou encore des exercices de relaxation.

Ainsi, la canneberge (ou cranberry) contient des proanthocyanidines qui inhibent l’adhésion des bactéries aux parois de l’urètre et de la vessie. Les fruits d’airelle, associés à la canneberge, réduisent de 50% la récurrence des manifestations de l’infection urinaire.

Les racines de raifort, quant à elles, contiennent des huiles essentielles qui exerçant une action antibactérienne dans le cas des infections urinaires. Les racines d’ortie facilitent l’irrigation des reins, de la vessie et des voies urinaires, soulageant le patient en cas d’infection. Elles préviennent la formation de calculs rénaux et aident à soulager les problèmes entraînés par l’inflammation de la prostate.

La prêle améliore la circulation dans les voies urinaires en cas d’infections bactériennes.

Le jus de brocoli possède des propriétés luttant contre la prostatite et l’hypertrophie de la prostate. En boire un verre matin et soir durant la durée de votre traitement augmentera l’efficacité de ce dernier, et vous permettra d’éviter les effets secondaires du traitement médicamenteux.

Une hospitalisation est possible, puisque 9% des urgences infectieuses urinaires à l’hôpital sont des cas de prostatite aigue.

Une hospitalisation est recommandée dans le cas d’une prostatite affectant une personne âgée, ou une personne avec des antécédents médicaux lourds.

Les complications

Les complications apparaissent bien souvent lorsque le traitement est administré tardivement, ou que le traitement n’a pas été suivi de manière complète par le patient, ou encore en cas de pathologie additionnelle (patient souffrant d’autres infections: maladies en plus de la prostatite, comme le diabète par exemple).

La prostatite aigue peut malheureusement entraîner une septicémie (infection généralisée) par passage du germe dans le sang. Dans les cas les plus extrêmes, un choc septique peut avoir lieu, nécessitant une réanimation du patient.

Une des complications les plus courantes est la rétention d’urine, ou la formation d’un abcès prostatique. Dans le cas d’une rétention d’urine ou d’abcès prostatique, en plus du suivi du traitement, le patient devra suivre des traitements complémentaires, tels que la pose d’un cathéter urinaire ou une ponction ou drainage de l’abcès.

Si une opération chirurgicale a été nécessaire, de nombreuses complications sont envisageables, comme l’impuissance, l’incontinence urinaire, et la stérilité. C’est pour cela que le recours à la chirurgie est évité dans le cas d’un jeune patient.

Quand consulter le médecin?

L’idéal serait de consulter votre médecin régulièrement, afin de dépister au plus tôt les éventuels signes d’une prostatite. Sinon, dès lors que vous ressentez des difficultés à uriner, ou que vous avez une sensation de brûlure lorsque vous urinez, ou que vous apprenez que l’un de vos (ex-)partenaires sexuels a contracté une IST (Infection Sexuellement Transmissible), consultez votre médecin au plus tôt.

De même, si vous ressentez des douleurs chroniques ou non dans la zone périnéale, une fièvre, des frissons, ou une douleur dans la région anale, consultez votre médecin au plus vite, en lui détaillant vos symptômes et la localisation de vos douleurs, afin qu’il puisse diagnostiquer la pathologie rapidement, et éviter ainsi de sévères complications.

Toute infection urinaire associée à une fièvre ne sera pas forcément le symptôme d’une prostatite mais, dans le doute, consultez votre médecin. En effet, cela peut aussi être le signe d’une pyélonéphrite (infection du rein pouvant entraîner une septicémie et une destruction rénale si non traitée), ou d’une appendicite aigue. Cela car lorsque l’appendicite est en position basse, dans la région pelvienne, son inflammation peut irriter la vessie et créer des troubles semblables à ceux de la prostatite aigue.

Dans tout les cas, si non traitée, ces pathologies peuvent entraîner de graves complications. Il vaut mieux consulter un urologue, spécialiste le plus à même de vous aider à lutter contre cette pathologie. Cependant, dans l’urgence, si vous ne trouvez pas d’urologue disponible ou que vous avez des doutes sur la nature des symptômes ou de la pathologie qui vous touche, consultez votre médecin traitant, qui vous redirigera vers l’établissement ou le spécialiste le plus adapté (service des urgences, clinique, urologue).

Durée du traitement

La durée du traitement dépendra du type de prostatite développée, mais aussi de l’âge du patient, de sa condition physique et de ses antécédents médicaux. Ainsi, si chez un sujet jeune (moins de 40 ans), le traitement d’une prostatite aigue peut se faire en une quinzaine de jours seulement, le traitement d’une prostatite chronique pourra prendre plusieurs semaines.

De même, chez un patient âgé de plus de 40 ans, le traitement d’une infection de la prostate pourra durer trois mois avec, chaque mois, de nouveau examens, et un arrêt du traitement envisagé seulement lorsque les résultats des examens seront tout à faits normaux.

L’arrêt du traitement ne sera arrêté qu’après dosage du PSA, et vérification du fait que le ce dernier soit revenu à la normale. Le dosage du PSA à la fin du traitement prouvera donc la guérison totale du patient, ou non. En effet, un PSA toujours élevé chez un homme âgé peut être le signe d’un cancer de la prostate car certains cancers, en obstruant les canaux prostatiques, peuvent être à l’origine d’un épisode de prostatite aigue.

La prévention

On peut aisément prévenir l’apparition de cette infection en prenant quelques précautions, comme l’utilisation d’un préservatif (masculin ou féminin), pratiquer des tests de dépistage réguliers (fréquence à déterminer avec le médecin), et éviter la multiplication des partenaires sexuels (une relation monogame, voire une abstinence serait l’idéal).

On limitera aussi la consommation d’épices et d’aliments irritants (alcool, caféine, théine, piment, boissons gazeuses,…), en privilégiant les aliments précédemment cités (canneberge, fruits d’airelle, racines de raifort et d’orties), tout en buvant de grandes quantités d’eau (le flux urinaire limitera ainsi le temps de séjour de l’urine, et évitera la prolifération de bactéries malsaines). Mieux vaut aussi éviter la pratique du vélo. Le stress joue aussi un grand rôle dans l’amplification des symptômes, et la survenue de complications.

Apprendre à gérer son stress, notamment en faisant de la sophrologie, de la méditation, du sport, ou toute autre activité permettant d’évacuer le stress, vous aidera grandement à lutter contre cette infection. De plus, parfois, lorsqu’aucun agent pathogène n’est identifié ou retrouvé et lorsque le traitement n’apporte aucun soulagement, l’on peut s’inquiéter de la santé psychologique du patient, ou de la mauvaise interprétation des symptômes.

Ainsi, une cystite interstitielle peut aisément être prise pour une prostatite non bactérienne, et la rareté des cas de cystite interstitielle chez les hommes peut s’expliquer par la confusion entre cystite et prostatite. Des douleurs dans le bas du dos, qui pourraient être interprétées comme un symptôme de prostatite, sont parfois le fruit d’un dérangement mineur des vertèbres.

Le patient peut aussi souffrir de graves problèmes psychologiques, qui expliqueraient alors le ressenti de douleurs dans la région pelvienne, ou toute autre région du corps.

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Auteur: Michal Vilímovský (FR)
Formation: Médecin
Date de publication: 20 mai 2014 à 13:39
Prochaine date de révision: 20 mai 2016 à 13:39
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